Sonatel et SENUM SA : Un partenariat stratégique pour un Sénégal numérique souverain et inclusif

Le 25 mars 2025, Sonatel et Sénégal Numérique SA (SENUM SA) ont officialisé un partenariat stratégique, marquant une étape clé dans la transformation numérique du Sénégal. Inscrit dans la vision du New Deal Technologique, cet accord vise à renforcer la souveraineté numérique du pays et à favoriser une connectivité plus accessible et plus fiable.

Un partenariat fondé sur quatre axes majeurs

Sonatel et SENUM SA ont défini quatre axes stratégiques pour concrétiser cette ambition :

  1. Le renforcement des infrastructures pour une connectivité fiable : La couverture numérique sera étendue avec des infrastructures modernes afin de réduire la fracture digitale entre les zones urbaines et rurales.
  2. Le développement de solutions cloud et datacenters souverains : Il s’agit d’assurer l’hébergement local des données critiques des entreprises et des institutions publiques, réduisant ainsi la dépendance vis-à-vis des solutions étrangères.
  3. La digitalisation des services publics : L’administration sénégalaise bénéficiera de solutions numériques pour faciliter l’accès aux services et améliorer leur efficacité.
  4. Le soutien à l’innovation et à la formation des citoyens : Cet axe vise à encourager les startups, former les jeunes aux métiers du numérique et développer des compétences locales en cybersécurité et en transformation digitale.

Avantages et inconvénients de ce partenariat

Les avantages

  • Souveraineté numérique renforcée : Avec des datacenters locaux, le Sénégal récupère le contrôle de ses données stratégiques et limite les risques d’espionnage économique.
  • Réduction de la dépendance technologique : Moins de dépendance aux infrastructures et services étrangers, notamment dans le cloud computing.
  • Accès élargi au numérique : Une meilleure connectivité pour les populations et les entreprises, stimulant ainsi l’innovation et la croissance économique.
  • Opportunités pour les entreprises locales : Les startups et entreprises tech bénéficieront d’un écosystème plus solide pour se développer.

Les inconvénients et défis

  • Coût élevé des infrastructures : La mise en place de datacenters souverains et l’expansion des infrastructures nécessitent des investissements massifs.
  • Dépendance à Sonatel et Orange : Bien que le projet vise à renforcer la souveraineté, Sonatel étant une filiale du groupe Orange, une question se pose sur le rôle de l’opérateur français dans cette stratégie.
  • Compétences locales limitées : Pour une transition efficace, il faudra accélérer la formation des experts en cybersécurité et en gestion d’infrastructures cloud.

La position de Sonatel face à Orange : Un enjeu de souveraineté et de cybersécurité

Sonatel, bien qu’étant l’opérateur historique du Sénégal, est majoritairement contrôlé par le groupe Orange. Cela soulève des questions sur la véritable indépendance du pays en matière de cybersécurité et d’infrastructures numériques.

  • Une opportunité pour renforcer la souveraineté numérique ? Le développement des datacenters locaux et des solutions cloud sénégalaises pourrait permettre de limiter l’influence d’Orange et de garantir que les données restent sous contrôle national.
  • Des interrogations sur la gestion des données stratégiques : Qui aura le contrôle effectif sur ces infrastructures ? SENUM SA pourra-t-elle garantir une véritable autonomie face à Sonatel et, par extension, à Orange ?
  • Le rôle clé de l’état : Pour réellement assurer une souveraineté numérique, l’État devra réglementer strictement la gestion des données et exiger des garanties de sécurité et de transparence de la part de Sonatel.

Perspectives pour un Sénégal numérique indépendant et sécurisé

Pour que ce partenariat atteigne pleinement ses objectifs et garantisse une véritable souveraineté numérique, plusieurs mesures doivent être mises en place :

  • Renforcer l’implication de SENUM SA : Assurer que l’institution joue un rôle de premier plan dans la gouvernance des infrastructures et ne soit pas reléguée à un simple acteur secondaire.
  • Développer des compétences locales : Investir massivement dans la formation d’ingénieurs et d’experts en cybersécurité et en gestion des infrastructures cloud.
  • Encadrer juridiquement l’exploitation des données : Créer un cadre légal strict pour garantir que les données des citoyens et des entreprises restent protégées.
  • Diversifier les partenaires technologiques : Pour éviter une dépendance excessive à Sonatel/Orange, le Sénégal pourrait explorer des collaborations avec d’autres acteurs tech, y compris africains.

Ce partenariat entre Sonatel et SENUM SA est une avancée majeure pour le numérique au Sénégal. Il offre de nombreuses opportunités, mais pose également des défis en matière de souveraineté numérique et de cybersécurité. Pour garantir un véritable contrôle national sur ces infrastructures stratégiques, l’État devra jouer un rôle actif et veiller à ce que cette transformation bénéficie réellement à tous les Sénégalais.

Total
0
Shares
article précédent

Comment surveiller le cyberespace : Enjeux et stratégies pour les pays africains

article suivant

New Deal Technologique : Une Rencontre Stratégique entre le ministère de la Communication, des Télécommunications et de l’Économie Numérique et Huawei

Related Posts